jeudi 29 mars 2012

Concert Youn Sun Nah à Ganges le samedi 7 avril







YOUN SUN NAH
Youn Sun Nah (voix), Ulf Wakenius (guitares)
Chanteuse de jazz hors du commun, Youn Sun Nah fusionne avec virtuosité ses origines coréennes à des influences musicales occidentales. Compositrice de talent, elle écrit ses propres mélodies qu'elle interprète avec délicatesse - exprimant ainsi avec justesse la profondeur de ses sentiments. Mais c'est surtout sa voix suave, envoûtante et lumineuse qui ensorcelle inévitablement son public. Son dernier album « Same girl » est un vrai bijou qui démontre une infinité de possibilités vocales - voguant de berceuses tout en délicatesse aux improvisations les plus délirantes.
Elle est accompagnée pour cette création de Ulf Wakenius qui a joué avec les plus grands et notamment Oscar Peterson pendant 10 ans.
Si vous souhaitez découvrir une Diva du jazz à l'orée d'une grande carrière internationale, ce concert unique est pour vous !

Samedi 7 avril à Ganges
21h00, Théâtre de l'Albarède Tarifs : 15 euros
Gratuit pour les moins de 16 ans (dans la limite de 20 places)
Renseignements et réservations Médiathèque Lucie Aubrac :




Same Girl


Article écrit par Diane Gastullu le 2 mai 2011 sur Citizen Jazz

Youn Sun Nah

Youn Sun Nah (voc, kalimba, music box, kazoo), Ulf Wakenius (g), Lars Danielsson (b, cello), Xavier Desandre-Navarre (dr), Roland Brival (voix sur « La Chanson d’Hélène »)
Youn Sun Nah nous avait déjà époustouflés en 2009 avec Voyage ; la voici qui revient pour un deuxième album chez ACT, et l’on commence à être à court d’épithètes. Bonne raison pour tenter une chronique à faible teneur en adjectifs...
Même formation que pour Voyage à une trompette près : Same Girl se place clairement dans la lignée de l’enregistrement précédent. On y trouve même, avec « Breakfast in Baghdad », composition d’Ulf Wakenius, une sorte de pendant du « Frevo » d’Egberto Gismonti où Youn et le guitariste faisaient déjà assaut de virtuosité. Les cascades de notes du thème, ici escortées par la basse et les percussions (un Xavier Desandre-Navarre plein de brio), leur fournissent le tremplin rêvé pour deux improvisations de haut vol - de très haut vol pour Youn Sun Nah qui mixe avec jubilation différentes techniques vocales, alterne notes tenues et scat, nous fait visiter une tessiture qu’elle a particulièrement étendue, passe en quelques secondes du souffle à la stridence sans jamais se départir de sa musicalité.
Mais la virtuosité n’est pas tout chez Youn Sun Nah. Il faut évoquer son goût du texte, qu’elle articule avec une précision gourmande. Gourmande, c’est bien le mot : entendez-la chanter les « crisp apple strudels » et les « schnitzel with noodles » dans « My Favorite Things » - nous y reviendrons -, égrener sa liste de plats comme la carte d’un restaurant un peu braque dans « Pancake » [1] : aucun doute, le chant, la diction sont bien affaire d’oralité. Cette même diction fait merveille dans « Kangwondo Arirang », dans sa langue maternelle dont on l’entend se délecter, ou « La chanson d’Hélène » - dernière plage de l’album, comme l’était « India Song » sur Voyage [2]. Une prise de son aussi précise que son chant permet d’en apprécier la subtilité dans ses plus infimes détails, comme ce « d » final de « Never-Never Land », qu’elle nous fait attendre, désirer, espérer à la fin de « Enter Sandman ».
Il y a aussi, dans ce disque plus encore que dans le précédent, une extrême liberté. Celle qui consiste à reprendre, on vient de le voir, un titre de Metallica avec un sens de la tension dramatique qui révèle des complexités dans une musique dont les versions connues étaient jusqu’ici plutôt... primaires. Celle qui lui fait interpréter « My Favorite Things », à cent mille lieues de Coltrane et à quelques années-lumières des chanteuses de standards, simplement vêtue de probité candide et d’une kalimba. Celle qui lui permet de s’accompagner d’une boîte à musique (« Same Girl ») ou de prendre un solo de kazoo sur « Moondog », de jouer avec une pédale d’effets (« Pancake »), et d’entretenir avec tous les instrumentistes une relation de musicien à musicien.
Liberté, musicalité, improvisation, précision, interaction, reprise « augmentée » de thèmes célèbres venus d’ailleurs : Youn Sun Nah est la plus belle preuve que l’esprit jazz souffle toujours sur la voix. Et ce n’est pas tout : sur scène, elle en donne plus encore.
[1] Déjà présent dans une version moins rock sur son album « So I Am » (2004).
[2] Attendons avec patience que Youn veuille bien nous offrir sur disque cette version d’« Avec le temps » qu’elle mûrit sur scène...



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