mardi 27 décembre 2011

Sam Rivers est mort



Rivers est mort : c’était un pionnier du free jazz

JEAN-CLAUDE VANTROYEN
mardi 27 décembre 2011, 16:20

Le saxophoniste américain est connu pour rôle majeur qu’il a joué à l’émergence du free jazz dans les années 60. Il s’est éteint ce lundi en Floride à l’âge de 88 ans.

Sam Rivers n’est pas célèbre, comme Miles Davis, John Coltrane, Thelonious Monk ou Dave Brubeck. Le saxophoniste américain a cependant joué un rôle très important dans les années 1960, à l’émergence du free. Rivers est mort lundi à Orlando, en Floride. Il était né le 25 septembre 1923 à El Reno, en Oklahoma.
Sam Rivers était multi-instrumentiste. Il jouait du saxophone ténor, son instrument de prédilection. Mais il jouait aussi de la flûte, de la clarinette basse, de l’harmonica, du piano. En plus, il composait. Son père chantait du gospel. Il grandit donc dans une atmosphère musicale et, quand ses parents déménagent à Boston, il entre au conservatoire de la ville en 1947. Il joue avec Joe Gordon, Jaki Byard. Il travaille avec Billie Holiday. Il est engagé par le grand orchestre de Herb Pomeroy. Il dirige un quartette avec Tony Williams, 13 ans à l’époque, à la batterie, qui allait devenir le drummer de Miles Davis. Sam Rivers aussi allait rejoindre le band du trompettiste mais en faisant un crochet par le blues et le rythm ‘n’ blues : Rivers accompagne Wilson Pickett, B.B. King, T-Bone Walker au début des années 60. C’est alors qu’il est engagé par Miles pour une tournée aux Etats-Unis et au Japon, en 1964. Dans le « live » Miles in Tokyo, on entend d’ailleurs Miles Davis, qui présentait ses musiciens, lancer « Sam Rivers – Sam Rivers »…
Sam Rivers joue alors un rôle primordial, comme dit Xavier Prévost dans le Dictionnaire du jazz, « dans la synthèse entre la liberté, la spontanéité, prônées par le free jazz, et le souci de formes savamment élaborées – tel qu’il s’est fait jour chez les musiciens du catalogue Blue Note, avec notamment Eric Dolphy, Tony Williams, Wayne Shorter... » La musique de Rivers reste enracinée dans le bebop, mais il adore l’aventure et ne cesse d’innover, de chercher, d’essayer de nouveaux outils conceptuels sans oublier, comme disait le saxophoniste Lester Young, de raconter une histoire. Son album Blue Note Fuchsia Swing Song est aujourd’hui considéré comme un chef-d’oeuvre de cette approche de la musique.
Il a enregistré avec des pointures comme Bobby Hutcherson, Bill Evans, Dave Holland, Andrew Hill, etc. Sa discographie est impressionnante, comme leader ou comme sideman.
Epinglons le Fuchsia Swing Song de 1964, le Crystals de 1974 (Impulse !), le Contrasts de 1980 (ECM), le Inspiration de 199 (RCA), le Black Stars de 2001 (Blue Note) avec Jason Moran. C’est d’ailleurs avec celui-ci, le pianiste actuel de Charles Lloyd, que Rivers est venu au Jazz Festival de Gand en 2003.
Avec son épouse Bea, il avait fondé le Rivbea Orchestra et avait dernièrement enregistré une série de trois CD, Trilogy. Il avait encore joué le 22 octobre de cette année avec ce band de 14 instruments à vent et deux rythmiques au Athens Theatre de Deland, Floride. Une musique qui transcende les genres et les frontières, complexe, créative, dissonante parfois, tonales d’autres fois, et excitante tout le temps.


Article du journal " Le Soir Belgique"  http://www.lesoir.be/culture/musiques/2011-12-27/sam-rivers-est-mort-c-etait-un-pionnier-du-free-jazz-886545.php

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