Les pianistes Ray Lema et Laurent de Wilde signent un album enchanteur.
Né en 1946 dans un pays où en musique rien n’est écrit (le Congo-Kinshasa), Raymond Lema (à gauche sur la photo) a consacré sa vie à formaliser les savoirs. Celui des premiers rocks qui déboulaient, dès 1960, dans les clubs de Kinshasa. Celui de 250 ethnies du pays pour préparer le ballet du match légendaire George Foreman/Mohammed Ali au Zaïre, en 1974, à la demande de Mobutu. Celui des rythmes africains à destination à des jazzmen noirs d’Amérique, où il s’exila (ils les mépriseront). Pour enfin aboutir en France, sollicité par Jean-François Bizot, fondateur d’Actuel, fou de musique authentique. Là, enfin, Lema trouve la reconnaissance, découvre sa voie (pianiste de jazz), embrasse la nationalité française. Et la composition. Dans l’orientation, toutefois, aucune revendication élitiste, aucun étalage de science immanente. Lema cite Miles Davis : «le jazz reste avant tout une attitude». J’écoute en boucle Riddles («Enigmes»), le duo de pianos que le Normalien brillantissime Laurent de Wilde et lui sortiront à la fin-octobre sur le label Gazebo-One drop. L’album, une perle, consacre ceci : l’estime au plus haut niveau, la finesse capiteuse, la liberté distribuée, le plaisir refléchi.
puls sur http://jazz.blogs.liberation.fr/2016/09/18/lema-de-cocagne/
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