(MISE À JOUR : )
Depuis 40 ans, Joëlle Léandre s’est obstinée à abreuver les publics du monde entier de bonnes surprises. L’iconoclaste libertaire n’est jamais aussi heureuse que lorsque les carcans de la musique lénifiante explosent. On pourrait pasticher la considération de l’écrivain Céline, qui répondait à une question complexe sur le style : «Ma conception du style? Mais voyons Monsieur, elle est très simple. Le lecteur s’attend à un mot : je lui en fiche un autre»! Léandre opère dans la même division. Le cadeau de Joëlle se «résume» à 40 années d’expériences déroutantes. Cent soixante disques au compteur, et pourtant l’improvisatrice persévère. «Totalement dans le travail et très peu sur le look», selon les propres mots de la Méridionale, née en 1951 à Aix-en-Provence. On ne sait plus quel disque recommander, tant richesse et originalité débordent. Plusieurs CD (+ des coffrets à l’étranger : 8 CD’s, 4CD’s, etc.), devraient encore marquer l’année 2016. L’Anti-Diva (selon la formule de la journaliste deL’Humanité, Fara C) a créé avec les plus grands noms de la contemporaine (John Cage, Morton Feldmann). La danse, la poésie, le théâtre, le cinéma ont mis à contribution le talent de la créatrice. Steve Lacy, Anthony Braxton, Evan Parker, George Lewis, John Zorn, Bill Dixon, et autres, ont parié sur l’ inspiration inouïe de la virtuose pour façonner leurs propres monuments. Les concert en solo, duo, trio, orchestres... Jusqu’au tentet deCan You Hear Me? L’oeuvre ultime (prestation inoubliable au Musée d’Art Moderne de Strasbourg en 2014, dans le cadre de JazzDor), impose définitivement Joëlle Léandre sur les scènes majeures de la planète. Le festival Banlieues Bleues hébergera le cri de la militante invétérée de la composition spontanée et de l’improvisation dirigée (elle a écrit la trame). A Pantin, le jeudi 7 avril 2016, Can You Hear Me? enchaînera les cadeaux. Plusieurs figures du jazz actuel qui partagent sa vision mutante de la musique (Jean-Luc Capozzo à la trompette; Théo Ceccaldi au violon; Alexandra Grimal au saxophone; Jean-Brice Godet à la clarinette) trancheront dans le vif du parcours sonore, conçu comme un work-in-progress aux contours imprévisibles.
Ecoutons l’artiste, dans une conversation récente, me donner (le verbe lui convient à merveille) l’avant-goût de la soirée : «l’improvisation ne s’improvise pas. Tradition et invention dialoguent : le savoir instrumental parcourt toutes les musiques du XXIe siècle, et des siècles passés. Elle constitue la conquête d’un savoir nouveau. Elle s’écrit dans l’instant. L’improvisation travaille la matière, le son, la mélodie, les structures et les formes, la mémoire et la répétition. Sans hiérarchie entre les musiciens, entre les compositeurs et les interprètes, l’improvisation libère la créativité, la singularité, ouvre à l’autre». Mille envies de partage nous traversent
Bruno Pfeiffer
CD’s
Joelle Léandre Tentet Can You Hear Me? Performances au Ulrichberg Kaleidophon (Autriche) – LEO records (2011)
Joelle Léandre/Vincent Courtois – Live at Kesselhaus 2013, JAZZDOR Series
Joelle Léandre Can You Hear Me?/ Live à l’Arsenal de Metz, Ayler Records (2015)
Joelle Léandre/Benoît Delbecq/ François Houle : 14 rue Paul Fort, LEO records (2015)
CONCERTS
12 et 13, Duo avec Elisabeth Harnik et Hamid Drake, Festival St Johan, Autriche
17 mars, Trio avec Régis Huby et Guylaine Cosson, Atelier du Plateau, Paris
18 mars, Duo avec la comédienne Martine Thinieres, Le Transsibérien de Blaise Cendrars, Paris
20 au 23 mars, Hommages à John Cage, Conservatoire de Besançon
25 mars, Trio avec Nicole Mitchell et Myra Melford, Paris
3 avril, Duo avec Vincent Courtois/ Festival Les Détours de Babel, Grenoble
7 avril, Tentet : Can you Hear Me? Banlieues Bleues (Pantin)
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