VAUDOO PROJECT
par le Quintet de Patrick Artero: trompette, bugle; Thierry Olle: piano; Don Vappie: guitare, banjo;
Guillaume Nouax: batterie; Mark Brooks: basse!
En-dessous quelques extraits du site de Patrick Artero
http://www.patrickartero.com/Artero/Vaudoo.html
DÉCIDÉMENT, l’homme trempe sa trompette dans les eaux les plus diverses… mais jamais dormantes. Regardez ses derniers tours de piste en date, ces cinq dernières années, étrangement les premiers albums — enfin — sous son nom : d’abord un hommage à Bix Beiderbecke, trompette historique du jazz (pré)historique, fait de cœur et de cordes, campé dans le nouveau millénaire. Puis un Artero Brel, dépouillé de ses mots mais paré d’atours musicaux tellement parlants, une sorte de défi aux lois de… l’apesanteur. Et voilà que l’insaisissable trublion du jazz s’attaque à un sacré ouvrage, une relecture oblique, iconoclaste et dépouillée des cultes afro-américains :
Artero Vaudoo.
Hou là, qui s’y frotte s’y pique, on ne touche pas impunément aux divinités d’Afrique, au spirituel retors, à l’esprit du Malin. Sauf que Patrick Artero n’a ni inhibition ni complexes, juste un sens aigu du jazz… dont le vaudou est une des racines. Retour à l’envoyeur, donc, où sa trompette batifole tranquillement avec une sorte d’élégance désarmante.
Ce type (re)vient de loin. Ce qui pourrait expliquer bien des humeurs vagabondes. Né au Vietnam, grandi en Algérie, transbahuté au gré des affectations d’un père militaire, il apprivoise les piments des terres lointaines et ne découvre la métropole qu’à la pré-adolescence. Une trompette ? Le jazz ? Ce sera le style « New Orleans », il fait ses classes seventies chez les « potaches entertainers » des Haricots Rouges. Élève dissipé, on le serait à moins.
Détour décisif par la salsa, dont le temple parisien, « la Chapelle des Lombards », vient d’ouvrir, on est en 78. Il tombe sur Pierre Goldman, intello écorché en perpétuelle cavale, toqué de latino, qui l’embarque dans la cave des Halles. Artero souffle aux côtés d’Azuquita, puis de Chocolate Armenteros, Alfredo Rodriguez et Patato Valdes, il monte La Manigua avec une poignée de Latino-Parisiens (plus tard, il sera aussi pionnier de Mambomania). Splendeur de l’impro, au moins aussi libre que dans le jazz qu’il n’a pas pour autant délaissé. Il a la bougeotte et court le monde, l’Afrique, l’Amérique, l’Asie, les Antilles, joue avec Zouk Machine, Kassav’, Alpha Blondy, Touré Kunda comme avec Stan Getz, Joe Farrell, Claude Bolling, Martial Solal et autres pointures. Artero est bienheureusement inclassable.
Pour ce projet je voulais revenir sur mon
premier amour : la Nouvelle-Orléans.
Pas pour jouer du « jazz traditionnel », déclen-
cheur de ma passion pour le swing au sens large,
mais pour tenter de comprendre l’incroyable par-
ticularité de cette région du globe, berceau d’une
expression musicale populaire sans précédent.
Capitale des mélanges entre Europe et Afrique,
le lieu de naissance du « jass » semble indisso-
ciable du spirituel, du sacré, des croyances et
d’un syncrétisme religieux dont le Vaudou est
un culte fondateur.
Le langage créole, les rythmes ancestraux, ont
été longtemps le seul lien pouvant réunir les
esclaves loin de leur terre natale, séparés de
leur famille, de leurs tribus sur le sol de ce Nou-
veau Monde.
L’héritage africain resta, malgré les coups de
bâton, la musique avec ses rythmes, ses tam-
bours et une croyance animiste venue d’Afrique
de l’Ouest : le Vaudou.
Partout où l’homme africain fut déporté, ce culte
se répandit : au Brésil c’est le Candomblé, à Cuba
la Santeria, le Regla de Ocha. Il est aussi en Haïti
comme dans tout le Sud des états-unis.
Je n’ai pas voulu réaliser un album religieux,
non… j’ai eu simplement envie de vous proposer
un voyage.
C’est à la fois mon regard et un hommage à une
culture restée présente dans les quelques États
du Sud où sont arrivés les esclaves… La Louisiane,
la Floride, la Caroline, l’Alabama, l’Arkansas.
C’est pour cette raison que je souhaitais réaliser
ce projet avec la complicité de musiciens louisia-
nais et caribéens.
Je connaissais Don Vappie pour avoir fait
quelques tournées avec lui ainsi que le contre-
bassiste Mark Brooks rencontré au sein d’autres
orchestres de la Nouvelle-Orléans. Je savais
que Don jouait surtout du banjo (notamment
avec Wynton Marsalis en dehors de sa formation
« Les Creole Jazz Serenaders »), mais c’est en
l’écoutant jouer de la guitare qu’il m’est venu à
l’esprit qu’il était la personne la plus appropriée
pour ce projet musical. C’est lui qui a proposé le
batteur Troy Davis.
Pur produit de NOLA (New Orleans Louisiana),
Troy maîtrise toute la musique traditionnelle de
la « Crescent City » (second line), mais a su inté-
grer toutes les évolutions rythmiques que cette
ville a fait germer en un siècle, du funk beat aux
parades, en passant par le latin jazz et toutes
les musiques afro-cubaines. Je dois dire que la
complicité qui s’est créée entre lui et Arnold
Moueza fut un vrai régal. Avec Emmanuel Duprey
aux claviers, j’ai eu le bonheur d’avoir une ryth-
mique qui tournait « aux p’tits oignons »… Après…
y’avait plus qu’à !!!…
Pour que ce projet prenne forme, j’ai été sou-
tenu et encouragé par des personnes que je dois
saluer ici. Chacunes d’elles m’ont fait avancer
avec sérénité dans mon travail.
Merci Manu pour ta bienveillante collaboration
musicale.
Un grand merci bien sûr au « Jazz-Club Lionel
Hampton » et en particulier Emmanuel Caux
et Jean-Luc Cousty, sans oublier Jean-Pierre
Vignola.
Stéphane Roger, Frank Jaccard, Jean-Pierre
Rebillard, Nicolas Peslier, Jeff Boudreaux, Syl-
vain Romano, Jimy Drouillard, pour leur profes-
sionnalisme et leur patience.
Bintou Simporé et Philip Nikwé Lawson pour
leurs documentations.
Le « Baiser Salé » et particulièrement Maria
Rodriguez pour son aide.
Philippe Chagne, Dominique Rieux, Norbert Ver-
gonjanne, Georges Dersy, Frank Arnoult ainsi
que Claude Bolling pour leur soutien. Un dernier
« coup de chapeau » à Pierre Luzy qui a enregistré
et mixé tout ce travail de main de maître.
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