mardi 4 décembre 2012

Guillaume Séguron 2 par Franpi Barriaux Citizen Jazz

Deuxième partie de l'interview de Franpi Barriaux avec Guillaume Séguron


Guillaume Séguron (2)

Après avoir évoqué la pertinence du « devoir de mémoire » dans la première partie ce notre entretien, voici un échange sur l’esthétique et les influences qui ont conduit à ce disque.
Le solo de contrebasse de Guillaume Séguron, nouvelles réponses des archives, dont Citizen Jazz est partenaire, n’est pas seulement un projet autour de la Guerre d’Espagne - Guillaume ne mettrait pas de majuscule -, mais un puzzle, à la fois intime et universel qui donne envie de poursuivre la discussion... Après avoir évoqué la pertinence du « devoir de mémoire » dans lapremière partie, voici un échange sur l’esthétique et les influences qui ont conduit à ce disque.
- Peut-il y avoir un tel rapport à la réalité quand le sujet qu’on évoque n’est pas directement historique ?
Avec nouvelles réponses des archives je n’évoque pas un sujet, je le traite. Je le décompose, le déstructure, le recompose, l’observe sous différents aspects. Je change le point de vue pour une même image. C’est peut-être cubiste ou cinématographique… Où se situe la frontière entre la fiction et le documentaire ? Il n’y a qu’une seule réalité. Par contre, il y a plusieurs manières de l’exprimer. C’est là que ça coince. Et puis, est-ce qu’un documentaire « est » la réalité ?
Le sujet est historique, son traitement l’est tout autant. Mes sources et références le sont aussi. Donc quelle est cette réalité ? La réalité de l’intuition, de la recherche ? Un archéologue qui fouille – la gueule dans la terre – cherche bien quelque chose. Quel que soit le résultat, non ? Il sait très rarement ce qu’il va découvrir, et encore… s’il parvient à découvrir quelque chose. Lee Konitz, qui joue depuis cinquante ans les mêmes standards, cherche bien quelque chose, non ? Et Ornette Coleman, qui joue toujours la même chose tout en ne rejouant - que très rarement – la même composition ? Où est la réalité ? Est-ce qu’elle se confond avec « la » vérité ? Quelle vérité ? C’est trop flou, dès qu’on s’en approche ça s’évapore, c’est insaisissable. Parfois suspect. Mais on peut en voir des bribes partout. C’est comme tous ces mots avec des majuscules et des minuscules (histoire / Histoire, vérité / Vérité…), moi je les enlève, je ne fais pas de distinction, ni de hiérarchie !
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Guillaume Séguron © Frank Bigotte
La réalité n’est pas dans « ce » que l’on montre mais dans « comment » on le montre, puis dans le temps nécessaire à la rendre apparente. Être à la recherche de, juste chercher : chaque étape affûte la compréhension. Le texte de « Pròleg » (le deuxième pièce du disque) se termine ainsi : Il est couramment admis d’affirmer que toute fiction a une base véridique… ; mon récit, pourtant est véridique. Moi, je préfère commencer par dire : « Tout est faux, falsifié, déformé » même si c’est exactement cela qui est – justement – faux !
En concert je n’ai jamais dit de mots d’introduction, j’ai toujours tout laissé en suspens – dans l’air, avec les sons… Je ne veux pas orienter l’écoute, la réduire à un parcours littéraire. La musique se charge du reste… et j’ai plutôt eu de belles surprises ! Il faut aussi laisser l’imaginaire de l’auditeur tranquille. C’est sa « réalité » qui compte, ce qu’il en fait.
- Il y a un rapport esthétique particulier à la Guerre d’Espagne ; quelles en sont, pour vous, les raisons ?











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