Le pianiste Dave Brubeck est mort
La légénde du jazz américain, Dave Brubeck, ici en concert en 2005 à Nuremberg.Crédits photo : TIMM SCHAMBERGER/AFP
VIDÉOS - Le pianiste de jazz, connu pour deux grands standards, Take Five et Blue Rondo a la Turk, est mort mercredi, la veille de son 92e anniversaire.
Le grand pianiste de jazz américain Dave Brubeck est mort à l'âge de 91 ans. Celui qui a défié les conventions du genre et atteint une renommée mondiale avec des morceaux comme Take Five etBlue Rondo a la Turk a succombé à un arrêt cardiaque alors qu'il se rendait à un rendez-vous, mercredi matin, chez son cardiologue à Norwalk, dans le Connecticut sur la Côte Est. Le pianiste, marié depuis près de 70 ans avec sa collaboratrice et parolière Iola, aurait eu 92 ans ce jeudi.
Il avait révolutionné le jazz en rendant accessible au plus grand nombre des morceaux complexes dès les années 50. Partisan de l'intégration des Noirs à une époque où la ségrégation dominait encore aux États-Unis, il se faisait une fierté de jouer dans les clubs de jazz noirs. Brubeck est devenu le deuxième musicien de jazz à paraître en couverture de Time Magazine en 1954 après Louis Armstrong. De 1951 à 1967, il a joué avec son célèbre Dave Brubeck Quartet composé du batteur Joe Morello, du contrebassiste Eugene Wright et, surtout, du saxophoniste Paul Desmond qui a composé Take Five.
«Parce que je veux être meilleur que la dernière fois»
Né en 1920, il avait grandi dans un ranch de Californie et n'était pas destiné à la musique. Lors d'un concert au Blue Note à New York, il y a quelques temps, il racontait qu'il devait sa carrière de pianiste à sa mère. Après l'avoir écouté jouer, celle-ci l'avait en effet découragé de poursuivre sa passion du rodéo, qu'il adorait étant enfant. Dans une interview enregistrée en 1999 sur une radio américaine, il avait rappelé cet épisode: «Ma mère ne voulait pas que je me fasse mal aux doigts. Mon oncle, qui aimait aussi le rodéo, s'était pris le doigt entre le lasso et la selle. Il plaisantait avec les autres cowboys en leur disant qu'il serait devenu un grand pianiste comme son neveu Dave, s'il n'y avait pas eu cet accident.»
Mais ce n'est qu'à l'âge adulte que Dave Brubeck s'est mis sérieusement au piano. Son professeur de zoologie à l'université insista en effet pour qu'il se consacre à sa passion, et Dave Brubeck s'est alors inscrit à des cours au Mills College d'Oakland, en Californie. Mais le nouvel étudiant avait un sérieux handicap, il ne savait pas lire la musique. Le proviseur du Mills College l'avait même menacé de le renvoyer et ce n'est que sur l'insistance de professeurs reconnaissant son talent pour l'improvisation et le rythme qu'il l'a finalement laissé continuer à étudier. Cet épisode de sa vie, le musicien le racontait volontiers en concert pour encourager les jeunes à se consacrer à leur passion. Au Mills College, il a été l'élève de Darius Milhaud.
Quand on lui demandait pourquoi il continuait à jouer après 80 ans, le pianiste répondait: «Parce que je veux être meilleur que la dernière fois». Brubeck détestait plus que tout être catalogué. «Depuis que je suis pianiste de jazz, tout le monde a essayé de me coller une étiquette mais, franchement, les étiquettes m'ennuient», avait-il déclaré au Chicago Tribune.
En France, en 1966, Claude Nougaro avait repris la musique de Blue Rondo a la Turk pour sa chanson À bout de souffle, titre emprunté au film de Jean-Luc Godard.
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