13/06/2013
Daigne Fresu le Sarde donner au monde
Le cas Paolo Fresu reste un mystère. Je me suis longtemps interrogé sur l'apparition d'une pointure de ce calibre dans un village liliputien de Sardaigne, pas vraiment la station-type sur les autoroutes historiques du jazz. Aujourd'hui, selon l'expression des jazzmen, Berchidda, "is on the map"! Au cours des trente ans de carrière du trompettiste, né en 1961, Gerry Mulligan, Phil Woods, Daniel Humair, Michel Portal et mille autres musiciens d'envergure ont découvert l'existence de l'endroit. Les musiciens ? Pas seulement. Le public également. Car depuis plusieurs années, les audiences témoignent leur plaisir à écouter Fresu. Comment ne pas se laisser imprégner par l'évidence lyrique des phrases; par l'inspiration (quelque soit le contexte); par l'invention en éveil permanent; par la générosité; par l'ancrage réussi à la tradition des maîtres du jazz; par l'art unique de la sourdine. Egalement par le métissage avec les folklores de divers pays (mirifique exercice sur la musique vietnamienne avec le guitariste Nguyen Lê). Jazzman italien? "Je ne me suis jamais figuré le jazz en matière de géographie", se justifiait un jour Fresu dans un restaurant (italien, quand même...) du quartier des Halles de Paris. "J'ai écouté dès le début le jazz historique, Billie, Miles, Duke, pour le plaisir, cela sans prendre conscience de mes possibilités". Aujourd'hui, la planète entière a phagocyté le langage du jazz. Et le jazz a métabolisé Fresu. Gagnant-gagnant, se réjouit l'amateur de raccourcis.
En 2011, Fresu ne pouvait pas célébrer son cinquantième anniversaire comme tout le monde. Il a gambergé de longue date le projet à la fois extravagant et à taille humaine. Un projet fou. Il m'en parlait en 2010 : "jouer dans cinquante lieux merveilleux de mon île, cinquante concerts, cinquante jours consécutifs avec cinquante projets différents". Départ Berchidda, où les agricuteurs vivaient encore il y a peu des produits locaux (vin, fromage, huile). Arrivée Cagliari, la capitale. Fresu a réussi le pari de son coeur où, selon son commentaire, " l'énergie capturée par le soleil et le vent a été réemployée en poésie, en émotions". Sur le DVD !50, quinquagénèse, on sent vibrer un univers : environ 250 artistes du monde entier, des milliers d'amateurs émus, les organisateurs des cinquante événements locaux, des lieux présentant chacun un cachet particulier. Et Fresu. Des vedettes internationales le rejoignent sur l'île (Aldo Romano, Glenn Ferris, David Linx, etc.). Le soleil, la mer, les buissons caressent les corps. On voit des larmes, des cris de joie, de belles Italiennes et les couleurs de la nuit. On entend aussi Fresu exprimer son affection avec les notes du bugle à des malades trisomiques. Le soir suivant défendre le don d'organes. On ressort du DVD avec une profonde approche du sacré. Celle d'un artiste d'exception, qui donne beaucoup, et dont l'on espère qu'il ne s'arrêtera pas.
En 2011, Fresu ne pouvait pas célébrer son cinquantième anniversaire comme tout le monde. Il a gambergé de longue date le projet à la fois extravagant et à taille humaine. Un projet fou. Il m'en parlait en 2010 : "jouer dans cinquante lieux merveilleux de mon île, cinquante concerts, cinquante jours consécutifs avec cinquante projets différents". Départ Berchidda, où les agricuteurs vivaient encore il y a peu des produits locaux (vin, fromage, huile). Arrivée Cagliari, la capitale. Fresu a réussi le pari de son coeur où, selon son commentaire, " l'énergie capturée par le soleil et le vent a été réemployée en poésie, en émotions". Sur le DVD !50, quinquagénèse, on sent vibrer un univers : environ 250 artistes du monde entier, des milliers d'amateurs émus, les organisateurs des cinquante événements locaux, des lieux présentant chacun un cachet particulier. Et Fresu. Des vedettes internationales le rejoignent sur l'île (Aldo Romano, Glenn Ferris, David Linx, etc.). Le soleil, la mer, les buissons caressent les corps. On voit des larmes, des cris de joie, de belles Italiennes et les couleurs de la nuit. On entend aussi Fresu exprimer son affection avec les notes du bugle à des malades trisomiques. Le soir suivant défendre le don d'organes. On ressort du DVD avec une profonde approche du sacré. Celle d'un artiste d'exception, qui donne beaucoup, et dont l'on espère qu'il ne s'arrêtera pas.
Bruno Pfeiffer
DVD
Paolo Fresu, !50, quinquagénèse - Un film documentaire de Marthe Le More (Bonsaï Music/Metis)
Paolo Fresu, !50, quinquagénèse - Un film documentaire de Marthe Le More (Bonsaï Music/Metis)
Bonsaï Music publie également Paolo Fresu 50 - en digital exclusivement - une série de 5 volumes retraçant ces 50 concerts, soit 50 extraits au total (10 par volume)
Le documentaire sera présenté à l'Institut Culturel Italien de Paris le samedi 15 juin prochain, avec un concert de Paolo Fresu.
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