Bobby Few : « Toute l’histoire du jazz dans les doigts »
Ce pianiste, né à Cleveland, a derrière lui une longue carrière qui l’a placé dans ses débuts aux côtés du chanteur Brook Brenton. Tout jeune, il eut même l’occasion d’être appelé sur la scène, très intimidé bien sûr, avec Ella Fitzgerald ou Miles Davis. Il enregistre en 1968 pour le label Blue Note aux côtés du saxophoniste Booker Ervin le thème qu’il se plaît toujours à interpréter « The In Between ». Deux albums suivent dont le célèbre « Music is the Healing Force of the Universe » (chez Impulse) avec son ami d’enfance, Albert Ayler qui l’incite à aller à New-York, puis en Europe. C’est avec le quartet de Frank Whright qu’il arrive à Paris en 1969. Leur musique est gravée sur leur propre label, historique : « The Center of the World ». Plus tard il tourne plus de 10 ans dans le monde au sein du quintet de Steve Lacy. Il participe à de nombreux albums (plus de 70), collaborant avec la plupart des musiciens de l’avant-garde américaine de cette époque. Mais son avant-gardisme ne le prive pas d’une grande connaissance de la tradition qui imprègne son jeu. Il a dans les doigts toute l’histoire du jazz, passant des envolées les plus libres au blues dans la plus pure tradition ou aux standards toujours magnifiquement interprétés avec un style et une sonorité qui lui sont propres. C’est d’ailleurs avec « Blues of the Vagabond » qu’il fait une courte apparition dans le film « L’écume des jours » de Michel Gondry. Il s’est bien entendu déjà confronté à plusieurs reprises au cours de sa carrière à l’exercice difficile du solo : 1977 « Comin’ Thru », 1992 « Mysteries », 2004 « Light and Shadows ». C’est donc une chance de pouvoir écouter en direct ce pianiste qui à 79 ans pourrait bien encore nous étonner.
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