Né à Vaucresson le 9 octobre 1946, le batteur et compositeur de jazz Jacques Thollot est mort à Mainneville (Eure), le 2 octobre, des suites d’une crise cardiaque.
Avec sa frange blonde, ses yeux dans les étoiles, ce son d’envol de mésanges qu’il imprimait aux cymbales, ce tempo, cette gestuelle d’homme libre assis aux tambours ; avec le temps, avec sa vie et ses légendes, l’ampleur de sa présence sur terre, très inversement proportionnelle à sa réputation, on pourrait à peu de frais vous faire le coup du poète maudit, écorché, destin brisé, et toutes les fanfreluches de l’hélas.
Manque de bol, Thollot, c’est le contraire. D’une extrême distinction, d’une élégance recherchée, Thollot portait en lui l’idée la plus haute de la musique. Il l’était. Citant des poètes que personne n’avait lus, exprimant, comme sa compagne Caroline de Benderm, des points de vue inédits sur l’Afrique ou le vaste monde qu’ils avaient traversés avec Barney Wilen (autre archange, du saxophone ténor). Il y aurait une science à construire sur l’inconnaissance de Thollot.
Même le très convenu Dictionnaire du jazz (Laffont, collections Bouquins), très « Lagarde et Michard » sur ce coup-là, n’aborde son « entrée » que du bout de l’orteil avant d’enfiler les patins. Thollot fait peur à ceux qu’effraie la dimension d’être. Ou alors, on l’adule : sans condition, avec ses crises, ses colères, ses exigences, sa beauté, cette insensée drôlerie qu’il aurait dû breveter, tant elle ne ressemblait à rien de connu.
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