dimanche 29 juillet 2012

Christian Scott: après Junas à Paris au New Morning


Christian Scott, Paris gagné

Baskets noires, jean noir, chemise noire à pois blancs ornée d’un joli pin’s en forme de cœur, magnifique collier doré, sans parler de sa rutilante trompette “dizzygillespienne” : entre street wear chic et héritage ethnique, Christian Scott, alias Christian aTunde Adjuah, prend soin de son image. Mais c’est aussi un artiste fier de ses racines, de ses sidemen et de sa musique qui a offert au public du New Morning deux sets d’une rare intensité.

Christian Scott n’a pas joué Fatima Aisha Rokero 400 et Liar Liar, deux de mes morceaux favoris de son nouvel album, “Christian aTunde Adjuah” (Choc Jazz Magazine /Jazzman), qui est d’ailleurs le dernier, peut-être, qu’il risque d’enregistrer avec ses fidèles accompagnateurs : le guitariste Matthew Stevens, dont le trompettiste a annoncé la parution imminente de son premier disque en leader (« Matthew’s got a new record coming out soon on Concord Records, check it out »), le contrebassiste Kris Funn, qui ne sait toujours pas pourquoi il joue dans ce groupe (lors d’un soir de beuverie où le trompettiste, bluffé par ses qualités musicales, lui demanda s’il voulait partir sur la route avec lui, sa réponse fut cinglante : « Hell no ! ») et le batteur Jamire Williams, qui va bientôt quitter ses camarades pour se lancer dans son projet Erimaj (sortie digitale annoncée le 21 août).

MÉMOIRE VIVE
Christian Scott n’a pas joué Fatima Aisha Rokero 400 et Liar Liar. Qu’importe. Car ce concert fut passionnant de la première à la dernière seconde. Passionnant et surtout furieusement moderne. Oserait-on dire sans précédent ? Ce serait à peine exagéré. Quand un jazzfan écoute de la musique live, il se délecte tout à la fois de chaque solo, du son d’ensemble de groupe, du phrasé du trompettiste, du swing du batteur, de la dextérité du guitariste ou du groove du contrebassiste. Il s’amuse aussi à ouvrir un à un les tiroirs de sa mémoire, afin de vérifier si le concert auquel il est train d’assister pourrait être rattaché à l’un de ceux qu’il a vu dans le passé, fut-il récent, histoire de quantifier son plaisir à l’aune du Système Compare Hâtif™, échelle de valeur qui est ce qu’elle est, mais qui est (trop ?) souvent celle dont on franchit aisément les barreaux quand de tels improvisateurs vous envoient autant de messages si forts à décoder en même temps.
Mais j’avais beau solliciter les moindres recoins de ma mémoire (à capacité certes limitée), mettre à pleine contribution mon capital neurones (en régression fatale depuis longtemps, dixit Science & Vie), tirer sur chaque synapse au maximum, rien n’y faisait : je n’arrivais pas à (re)trouver un concert de jazz qui ressemblait à celui de Christian Scott et de ses trois compères – on notera que même sans la présence de son pourtant précieux pianiste, Lawrence Fields, sa musique ne perd rien de son attrait, et que la rondeur harmonique est comme “remplacée” par un supplément de rugosité groovy.

FLACON & IVRESSE
Ainsi, Christian Scott/Christian aTunde Adjuah qui, faut-il le rappeler, n’a pas jouéFatima Aisha Rokero 400 et Liar Liar, nous a poliment forcé à remiser par devers nous notre Système Compare Hâtif™, et poussé à apprécier à vif son jazz somme toute unique. Ceux qui ont lu la passionnante interview menée par Bertrand Bouard dans le dernier numéro de Jazz Magazine/Jazzman (avec, tiens donc, Christian Scott à la Une : dépêchez-vous, il va bientôt céder sa place à Gregory Porter !) savent que le trompettiste ne rejette pas le mot “jazz”, oh que non – ses aînés néo-orléanais le savent bien, qui polémiquent souvent à ce sujet avec lui –, mais qu’il préfère utiliser le qualificatif de stretch music, de musique étirée. Pourquoi pas ? Mais quoi qu’il arrive, ce n’est pas l’étiquette du flacon qui nous procurera l’ivresse.
À propos d’ivresse, on connaît celle des cimes. L’ivresse que procure la musique étirée de Mr. Scott serait plutôt celle des sommes. Car rarement avions-nous eu l’impression qu’une forme de jazz pouvait embras(s)er en souplesse – ce qui n’exclue pas une sacré dose d’énergie savamment distillée/canalisée – ce qu’on aime dans le(s) jazz acoustique(s), bop (be et/ou hard) ou modal, et dans le(s) jazz électr(on)iques, qu’on dira, pour faire simple, “post-milesdavissiens”, qu’ils soient calés sur un socle funky ou mordants comme le rock.
Le jazz façon Scott bruisse aussi des échos du rock créatif des années 1990 (Radiohead bien sûr), via les lignes claires et toujours lisibles de Matthew Stevens, un guitariste qui sait contourner avec une rare intelligence le mur du son du Système Compare Hâtif Spécial Six-Cordes™, qui renvoie immanquablement vers messieurs Pat Metheny, John Scofield et Bill Frisell – à l’exception du premier nommé, à qui l’on pense parfois, il faut bien l’avouer (sans que cela ne soit gênant, bien au contraire), ce remarquable-sideman-bientôt-leader ajoute sa pierre de touche à l’édifice sonore. Ses interventions tombent toujours à propos, sa palette d’accords est colorée à souhait et son timing d’une rare justesse.

AU PRÉSENT DU FUTUR
Difficile de ne pas être aussi louangeur avec la section rythmique : Kris Funn et Jamire Williams tiennent la baraque sans ciller, sans donner l’air d’être dans le rouge, encore moins au bord de la rupture. Williams lâche tel un drum preacher du bouillonnants chorus tout en restant in the pocket, dans le tempo, tandis que le trompettiste en chef, hilare, l’encourage tout en relances amicales et chambreuses (on sent la complicité, ce n’est rien de le dire !). Funn, impassible, souligne de traits graves et souples ces (d)ébats percussifs.
Et enfin, Christian Scott/Christian aTunde Adjuah. Le meilleur trompettiste de sa génération. [Un peu de pression n’est jamais inutile, NDLR.] Un leader cool, affirmé, qui prend le micro pour expliquer précisément chaque morceau, raconter des histoires parfois drôles et légères, d’autres fois tragiques et lourdes de sens. Les titres de ses songs sont évocateurs : Jihad Joe (jeu de mot sur GI Joe), Litany Against Fear,K.K.P.D. (acronyme de Ku Klux Police Department, à en croire le terrifiant épisode de son arrestation par un flic local raciste et violent), New New Orleans… Sans arrogance, sans prétention, avec un mélange subtilement dosé de sérieux et de malice. En 2012, ce jeune homme sûr de son art donne du sens – esthétique, social, politique – à la musique instrumentale, un exploit en ces temps d’hyper-formatage de la musique que l’on aime. « Christian Scott : Retour vers le futur », titrait-on à la Une de Jazzmag. Ce samedi soir, mieux que le futur, j’ai vu le présent du jazz. Un sacré cadeau. Frédéric Goaty

CScott NM 21712

Christian Scott (trompette), Matthew Stevens (guitare), Kris Funn (contrebasse), Jamire Williams (batterie). Paris, New Morning, samedi 21 juillet.

NET

mercredi 25 juillet 2012

Jazz Magazine par Robert Latxague notre ami journaliste


Junas I : La Nouvelle-Orléans s’invite

Junas, dans son décor fantastique des carrières explosant de couleurs vives la nuit venue, ce pourrait être le jazz vivant… à l’âge de pierre ! Cette année, c’est bien à un retour à l’Histoire qu’invitait la thématique générale du XIXe Jazz à Junas : retour vers La Nouvelle-Orléans. Invitation à redécouvrir les racines de cette musique, mais aussi à en suivre l’évolution. De quoi noter, au passage, quelques cicatrices post-ouragan Katrina, quelque chose qui, entre douleurs et rétablissement, pourrait sonner comme une touche de blues.



Jazz à Junas, Carrières de Junas, 18 et 19 juillet. Raphael Imbert Octet, Magic Slim and the Teardrops, Brian Blade and the Fellowship Band, Ninety Miles

 Sa musique ne se livre pas si aisément. Elle nécessite même de la part de l’auditeur spectateur une écoute attentive, voire une envie, un besoin. Car même sur cette carte imprimée aux couleurs de la tradition Nouvelle Orléans avec banjo en bandoulière et traits de piano ragtime au besoin, les lignes bougent hors de tout confort dans l’octet de Raphael Imbert. Justement L’instrumentation ainsi plutôt diversifiée force à accepter une large palette de couleurs sonores (paradoxalement dans un tel contexte de lignes croisées, les parties chant et/ou guitare de Sarah Quintana peuvent quelquefois apparaître quelque peu en décalage) Mais voilà : lorsque l’on se trouve pris au jeu vient rapidement le plaisir d’une captation (une cooptation ?) à partir d’une musique basée sur des riffs, qui a tout de même fondé, ancré les courants du jazz.

Magic Slim lui ne se pose pas de question. Il joue le blues. Celui qui sonne vrai. A l’écoute de cette tranche de vie black and blue, et malgré la similitude quant aux difficultés physiques à figurer sur une scène et à se déplacer, devant une telle vitalité d’expression l’on ne peut pas ne pas songer dès lors à la catastrophe artistique que représente aujourd’hui, hélas, une prestation scénique de BB King…Au dit Magic la règle d’or des 12 mesures et des trois accords lui appartient en propre. La rythmique de son groupe –seconde guitare, basse et batterie- jeune, solide représente un moyen idéal de propulsion quel que soit le tempo. Le son de sa guitare acide découpe alors des gimmicks évidents tels des matins clairs sur le bayou. Même à l’occasion d’une millième version plutôt funky de Baby please don’t go

Brian Blade, batteur : une incroyable densité de sons et de frappes modulées à bon escient ; une succession de figures rythmiques et autant de constructions mélodiques sur caisses et cymbales, bref une sorte d’orchestre à lui tout seul doué d’une capacité d’invention permanente. Avec cet orchestre il se trouve aussi bien entouré. Bon,Melvin Butler est un peu sage peut-être, un peu cadré dans son jeu de sax. On retient malgré tout un son rond, souple au ténor. Myron Walden plus éclaté question sonorité, à la clarinette basse mais au sax alto surtout figure une sorte de Dolphy d’aujourd’hui, souvent imprévisible dans le discours. Si la mise en relief de l’ensemble tient au profil du leader, le lien revient au piano de Jon Cowherd. Beaucoup de nuances et de brio.

Ninety Miles enfin. Le groupe des trois leaders quadras amoureux de Cuba–sauf que Nicolas Payton remplace cette fois Christian Scott prévu sur cette même scène le lendemain même…- se trouve confronté à une situation paradoxale. La multiplicité des leaders, le nombre des sources sonores différentes dues à la composition de l’orchestre compliquent la tâche des spectateurs. Beaucoup d’items et d’évènements musicaux à localiser en simultané : l’identification s’en trouve altérée, l’écoute plus difficile en rapport au disque récemment sorti. Dommage car les compositions exposées sur scène s’avèrent riches, travaillées. Stefon Harris offre son savoir faire au vibraphone, instrument plutôt rare désormais, plus un visuel pour bien faire savoir. « J’aime de plus en plus utiliser aussi le marimba. Le bois représente une matière noble, naturelle, pour moi une trace de l’Afrique creusée à même le jazz… » David Sanchez au sax ténor, c’est une force, une amplitude donnée aux développements des lignes harmoniques, de la mélodie. Nicolas Payton enfin, figure plus fermée, moins explosive, comme un peu en retrait…Sur un air de marching band pourtant, roulement de tambour militaire et tempo binaire appuyé le final néo orléanais s’est conclut public debout et battement de mains assurés. Junas, cœur de chauffe dans un décor de pierre peut au besoin s’affranchir du paradoxe. Robert Latxague

Raphael Imbert (ts, ss), Jean Luc Di Fraya (b), Simon Sieger (tb, p), Thomas Weirich (g), Pierre Fénichel (b),Benjamin Lévy (g), Paul Elwood (bjo, voc), Sarah Quintana (g, voc).
 Magic Slim (voc, g), John Mc Donald (g, voc), Andre Howard (b, voc), Brian Jones (dm, voc).
Brian Blade (dm), Melvin Butler (ts), Myron Walden (as, bcl) Chris Thomas (b), Jon Cowerd (p).
Stefon Harris (vib, marimba), David Sanchez (ts), Nicolas Payton (tp) Ed Simon (p), Richie Rodrigues (b), Terreon Guli (dm), Mauricio Herrera (perc)





Junas II : Christian Scott & Bernard Lubat

Jeudi : la séquence solo de tambour bata du percussionniste cubain de Ninety Miles, Mauricio Herrera, prolongé du chant des guerriers d’Ogun scandé en langue Yoruba, avait déjà provoqué quelques éclairs… pour les initiés. Vendredi : la chaleur fait rage jusqu’au cœur de la nuit. Les cigales s’en donnent à cœur joie dans la carrière et la pinède alentour. Elles deviennent le son majeur du festival. Samedi : patatras ! La tramontane s’est invitée pour la clôture du festival. Les cigales se sont tues sans crier gare. La fraîcheur est tombée sur le décor de pierres. Il reste au jazz de La Nouvelle-Orléans à réchauffer les festivaliers…


Festival Jazz à Junas, Carrières de Junas, 20 et 21 juillet. Christian Scott Quintet, Bernard Lubat Nonet, Patrick Artero Quintet, Craig Adams and the Voices of New Orleans.

Christian Scott ne se le fait pas dire deux fois. Son jazz pète le feu, zébré de traits électriques prononcés. Les figures rythmiques resserrées, très de la contrebasse et de la batterie (le batteur Jamire Williams, comme son collègue de la veille, Brian Blade, utilisent tous deux une caisse claire fabriquée spécialement par un jeune luthier de Montpellier inventif, Guillaume Carballido, à partir d’un bois d’érable) créent une trame dense, pétrie de relances et de breaks. Sur une telle piste de décollage les séquences de guitare (saturée juste comme il faut), comme la trompette du jeune leader, ne manquent ni d’envolées ni de notes épicées. On passe par du jazz servi chaud, près du rock, pris dans les filets de la soul, aux limites de la fusion. Dans Jazzmag, Christian Scott parle de stretch jazz. Un savant mélange des genres, avec le groove comme dénominateur (détonateur ?) commun.

Bernard Lubat reste un provocateur. Là où d’autres, avec son palmarès, ronronneraient, lui brasse et touille sans vergogne. Il démarre, seul sur scène, par un petit discours d’introduction “poïétique” (pour la contraction de poétique et politique). Il enchaîne sur une courte séance de notes arpégées au piano, avant de basculer d’un coup d’un seul dans une furia free au fur et à mesure de l’entrée des musiciens de la Compagnie. Le public de Junas, pas forcément habitué, se retrouve vite KO assis. L’orchestre des anciens (Lubat et ses deux invités, les locaux de l’étape et collègue de promo jazz Gérard Pansanel et Denis Fournier, un tantinet surpris par ce départ sur les chapeaux de roue !) et des modernes (dont son propre fils derrière la batterie) passe d’une avalanche free à des arrangements subtils de standards (Goodbye Pork Pie Hat, Stella by Starlight…), pour terminer sur une biguine dite « gascon-cubine », exercice de style inattendu sur lequel les deux montpelliérains conviés, le batteur comme le guitariste, impriment savoir faire et finesse. Bernard Lubat rayonne à la tête de son gang de jeunes qu’il a façonné à sa main : « La réalité c’est que le temps passe vite: Edouard Glissant et André Benedetto ont marqué Uzeste. Mais ils ont à ce jour disparu. Maurice Vander ne peut plus jouer du piano… Heureusement ces jeunes me piquent comme un aiguillon. » Alors le gourou uzestois raille à nouveau « la droite et la gauche » et termine le concert debout, en chef d’orchestre scatteur de langue d’oc. Public renversé cul par-dessus tête, effet show garanti.
L’histoire de la nuit racontée par Patrick Artero évoque le vaudou au pays des bayous. Il y est question de serpent, d’alligators mais aussi de divinités, de prêtresses et de boogaloo. Le jazz concocté par le trompettiste avec ses deux mentors louisianais Don Vappie« une sorte de Dr. John guitariste et enseignant à l’université de New Orleans » et Mark Brooks, bassiste, compositeur et figure référence de la musique orléanaise sonne swing haut et fort. Et porte le blues en écho permanent. Le séjour d’Artero au pays des marais et du delta ancre sa musique dans ce qu’il nomme lui-même une humide« swamp atmosphere ». Les arrangements soignent la mélodie, la complicité basse-batterie-piano fait le pont entre tradition et modernité. Un mélange de genre et de racines apte à déclencher les danses de Congo Square d’hier jusqu’au funk déhanché d’aujourd’hui.
Pour finir, histoire d’effacer la maudite fraîcheur qui avait fait fuir les cigales, on a laissé Craig Adams et ses Voices of New Orleans entonner When the Saints go marchin’ in comme une rémission…
L’an prochain pour célébrer son XXe anniversaire, Jazz à Junas réinvestira l’Europe. Robert Latxague

Christian Scott (tp), Fabian Almazan (p), Matthew Stevens (g), Kris Funn (b), Jamire Williams (dm).
Bernard Lubat (p, voc), Gérard Pansanel (g), Jules Rousseau, (b), Raphael Quenehen (ss), Pierre Lambla (ts, ss, tp), Fabrice Vieira (g, voc), Thomas Boudet (g), Louis Lubat, Denis Fournier (dm).
Patrick Artero (tp, bug), Thierry Olle (p), Don Vappie (g), Mark Brooks (b), Guillaume Nouhaux (dm).
Craig Adams (p, org, voc), Dale Blade (voc), Tiffany Watson (voc), Anjelika Joseph (voc), Mauro Serri (g), Franck Cliff Jean (b), Stephan Athus (dm).

mardi 24 juillet 2012

Annonce de l'association Le Jazz est là


Annonce par l'association de:

Signalons pour ceux qui sont 
encore dans la région le passage du "Love Songs Quintet" de notre ami Jean-Benoît Culot 
le mercredi 25 juillet au Domaine d'O à Montpellier dans le cadre du festival Radio-
France à 22h et au Prolé à Nîmes (rue Jean Reboul) le vendredi 27 juillet à partir de 
20h30 (entrée libre dans les deux cas). Signalons aussi le passage de René Bottlang ce 
mardi à 22h également au Domaine d'O en compagnie du contrebassiste Barre Phillips et du 
batteur Christian Lété.A très bientôt. Bon été. Patrice Goujon

Paolo Fresu à Dinant


Le Paolo Fresu Devil Quartet emmène Dinant dans les étoiles

JEAN-CLAUDE VANTROYEN
dimanche 22 juillet 2012, 13:24

Le trompettiste s'est produit avec son Devil Quartet au Leffe Jazz. Du jazz qui déménage et qui fait pleurer, qui enthousiasme et qui émeut.

Le Paolo Fresu Devil Quartet emmène Dinant dans les étoiles
Le trompettiste sarde est un musicien surprenant. Il y a quinze jours, il faisait dans le spirituel et le mystique avec Mistico Mediterraneo, un projet où se mêlent voix corses, bandonéon et trompette, et c'était un chant qui emmenait le public sur ses ailes, loin dans le firmament. Samedi, au Leffe Jazz Nights, il se produisait avec son Devil Quartet, et c'était du jazz qui déménage et qui fait pleurer, qui enthousiasme et qui émeut, qui emmène le public dans les étoiles, au-delà du jazz, là où la musique rejoint le monde, où tout est harmonie et beauté. Paolo Fresu est un poète. Et, comme un poète, il utilise les moyens de son temps : l'ordinateur grâce auquel sa trompette, son bugle, sa trompette bouchée font jaillir des sons étonnants, parfois on se croit dans le chœur des archanges, parfois dans une vallée où l'écho joue d'effets inattendus. Mais jamais, cet artifice ne se substitue à la musique même. Fresu n'est pas du style à se contenter de l'effet. Ce qu'il cherche, c'est d'aller plus loin.
Et pour le faire, il est entouré d'un groupe formidable : Bebo Ferra à la guitare, Paolina Dalla Porta à la contrebasse et Stefano Bagnoli à la batterie. Entre ces quatre-là, une osmose totale s'est créée, chacun anticipe l'autre et le relance, chacun joue de son instrument et du groupe. Paolo Fresu est le leader, certes, mais sans les autres, il est dans le désert. Il fallait voir et entendre ces débats-combats entre le trompettiste et le guitariste qui se regardent, se jaugent, s'affrontent amicalement. Paolo, pantalons prince de galles gris, pieds nus, le corps penché vers l'arrière à se rompre ; Bebo, qui se balance comme un ours au rythme du morceau, qui lève les jambes, faisant apparaître de superbes baskets orange. Un trompettiste qui ne fait jamais assaut de virtuosité, mais qui l'est, évidemment, préférant les notes justes à l'avalanche. Un guitariste atypique, jouant sur accords plutôt que sur notes. Ils s'accrochent en duel, se rejoignent sur le thème à l'unisson, se séparent pour se réconcilier à nouveau. Et, derrière, une contrebasse sensible et forte et une batterie parfaite. C'est tantôt déchirant tantôt exubérant, ça déménage et ça apaise, c'est tendre et rock, ça swingue toujours.
Des reprises, comme celle de « Giovedi ». Et surtout des compositions, de Paolo et de Paolino : « Another road to Timbuktu », « Mimi », « Game 7 », « Elogio del discount », « Moto perpetuo ». Et des berceuses pour terminer : « Nina Nana per Andrea », le fils de Fresu, et « Himno a la vita », deux musiques d'une grande douceur et d'une grande beauté. Remarquable final pour un remarquable concert. Ce Devil Quartet nous a plutôt fait rejoindre les anges que l'enfer.
Bop & Soul Sextt. Auparavant, on avait aussi vibré, sans doute pas dans les mêmes proportions. Au début d'une journée plus sèche et plus ensoleillée, enfin, Maxime Blésin et son Bop & Soul Sextt avaient développé un jazz simple et goûtu, qui ne s'embarrasse pas de questions : droit au but, et le but, c'est de prendre son pied, sur scène et dans le public. Comme les jazzmen du début des années 60, les Hank Mobley, Freddie Hubbard, Lee Morgan, Art Blakey, le guitariste Maxime Blésin mêle le sens du refrain qui sonne avec des impros subtiles et excitantes sur base d'un duo rythmique efficace : Sal La Rocca à la basse, Hans van Oosterhout à la batterie. Sur le tapis du beat, Maxime lui-même, Greg Houben, à la trompette ou au bugle, le Québecois François Théberge au sax, Pascal Mohy au piano développent des solos souvent enivrants. C'est du bon jazz, où l'on se prend à taper du pied, où on commence à s'agiter, où on devrait se lever pour danser. C'est soul et ça groove. Des compos de Maxime Blésin, qui se retrouvent sur l'album que le groupe a enregistré et qui est aussi emballant que cette prestation.
Grégoire Maret Quartet. L'harmoniciste de 37 ans, Suisse vivant à New York, n'a plus à s'agenouiller devant sa grande idole Toots Thielemans. Il fonce seul maintenant vers la gloire. Ce concert l'a encore montré. Il a beaucoup appris de Toots, mais l'élève n'a pas à copier le maître, alors il s'en détache, se fait plus rock, emmené par un batteur d'exception, l'Américain Clarence Penn, par un pianiste surdoué, l'Urugayen Federico Gonzales Pena, au toucher subtil et versatile (ce n'est pas un mot négatif) et par un bassiste (contrebasse, basse électrique 5 cordes) solide, le Polonais Robert Kubiszyn.
Le quartet est capable de jouer à la ECM années 80, d'envahir le paysage de strates sonores comme un brouillard la prairie. Et puis soudain de décoller, de s'envoler vers un jazz rock, sinon hard rock, où Grégoire Maret s'excite, lévite, se donne avec fougue, s'emporte, bougeant de tout son corps, sautant sur place, s'accroupissant, se relevant, se donnant corps et bouche pour faire sortir de son harmonica des solos impressionnants. « On une palette de sons qu'on explore tous les soirs en concert, dit-il. Mais on a préparé quelque chose de spécial en pensant à M. Jean-Baptiste Thielemans. « Et d'enchaîner « The secret life of plants » de Stevie Wonder (il a la cote, lui, on le reprend tout le temps !) et « Smile », « un morceau que Toots adore jouer ».
Sur « Lucilla's Dream », un nouveau morceau, qui figure sur l'album qui va prochainement sortir, ça s'emballe à nouveau. Et, entre Clarence Penn et Grégoire Maret se joue comme une bataille où l'on ne sait plus qui relance l'autre. Maret est décidément le digne successeur de Toots, dans un genre souvent plus libéré, plus agressif. Et Clarence Penn est décidément un tout grand batteur. Plus tard, Billy Hart et lui se retrouveront sous le chapiteau pour écouter Paolo Fresu. L'ancien et le jeune, côte à côte, dans le public, avec le sourire, une très belle image.
Rhoda Scott Special Ladies Band. La marraine du festival, l'organiste Rhoda Scott, avait préparé une surprise pour ces Leffe Jazz Nights. Samedi à 22 h, la surprise était sur scène : un groupe de sept jeunes femmes pour entourer Rhoda et sa « soulsister » La Velle. Le public, debout, les a plébiscités. Et c'est vrai que c'était enthousiasmant, même si le jazz que le band produisait ne s'encombrait pas de faire autre chose de s'amuser. Plus un mouvement féministe – rassembler toutes ces femmes sur la même scène, sans un mâle – qu'un mouvement musical. Deux bons vieux blues avec La Velle, dont la voix et la posture ont l'attirance des honky tonk, le « Bad » de Michaël Jackson, des compositions des musiciennes, l'« Hymne à l'amour », « Bernie's Tune » et le final avec « Half Moon Bay » de Rhoda herself. C'était inhabituel et chouette, sans plus. Mais ça a soulevé le public : parce que c'est un big band et le public adore les big bands ; parce que ça swingue, et les gens adorent quand ça swingue ; parce que ce sont des filles et que, malgré tout, c'est un peu excentrique ; parce que c'est Rhoda Scott et que le public l'aime et aime le groove de son orgue Hammond. Quatre raisons nécessaires et suffisantes pour que les neuf femmes reviennent sur scène jouer la Brabançonne, pour le 21 juillet évidemment. Ne bousons cependant
pas : nous avions tous le sourire pendant cette prestation. Qui était là ? Rhoda Scott à l'orgue, La Velle à la voix et au piano, Sophie Alour, Lisa Cat-Berro, Géraldine Laurent, Alexandra Grimal aux saxophones, Airelle Besson au bugle, Aurore Voilqué au violon et Julie Saury à la batterie.

dimanche 22 juillet 2012

Le grand Final du Festival

Le Grand Final du Festival Jazz à Junas samedi 21 juillet
 dans les Carrières!



                                                          Patrick Artero Quintet


                    Craig Adams and The Voices of New Orleans

Hippocampus Jass Gang

Hippocampus Jass Gang dans Junas






Les Bénévoles de Jazz à Junas

Quelques activités des Bénévoles de Jazz à Junas

photo par Pierre Nourrit



                                   


samedi 21 juillet 2012

Quelques photos de vendredi 20 juillet Festival Jazz à Junas

Quelques photos autour du concert de Christian Scott  pendant le Festival Jazz à Junas  ou
Le Languedoc-Roussillon rencontre la Nouvelle-Orléans



                                                        Christian Scott pendant la Balance



Christain Scott Quintet

Le Cagnard, le Chapeau et l'Artiste à Junas

Chapeau l'artiste!  ''Les Contemporains Parallèles'' sont l'association de six plasticiens venus de Nîmes et ses environs. Leur ''musique'' à eux est visuelle: ils investissent les espaces vacants des Carrières de Junas qu'ils transforment en atelier à ciel ouvert.une gageure. Sous le cagnard, la peinture sèche au moment même où le pinceau effleure la toile. Les touches de Sylvie, Pascale, Jean-Pierre, Jean-Marc, Christian  ou Albert doivent être sûres. A cette heure, le sombrero reste le meilleur allié!

Article apparu dans La Marseillaise du vendredi 20 juillet






                                                                      Albert Martin
                                                                   Christian Gullian
                                                                  Jean-Pierre Brethon
                                                                    Jean-Marc Stetka
                                                                 Pascale Depardon
                                                                   Sylvia Bottiau

vendredi 20 juillet 2012

Quelques photos du concert de jeudi 19 juillet


                                                             NINETY MILES, la balance

                                           
                                                                      Brian Blade

                                                                 
                                                         Brian Blade  and Melvin Butler




David Sanchez

Photos du Festival Jazz à Junas

Quelques photos du Festival Jazz à Junas


                                                              Magic Slim  en interview



Sarahy Quitana

Raphaël Imbert Octet


                                                          Magic Slim and the Teardrops

mercredi 18 juillet 2012

Le Festival Jazz à Junas commence aujourd'hui!!!!!!

La grande journée: Le Festival Jazz à Junas  avec Le Languedoc-Roussillon rencontre La Nouvelle- Orléans
commence aujourd'hui!!!!!!!

Les détails du programme sur: http://jazzajunas.fr/festival.php

Festival Jazz à Junas 2012

La 19ème édition du FESTIVAL JAZZ A JUNAS du 18 au 21 juillet 2012 :
"Le Languedoc-Roussillon rencontre la Nouvelle-Orléans"
Festival jazz a junas 2012

lundi 16 juillet 2012

Concert Bernard Lubat "Free d'Oc Taxe Taxi jeudi 20 juillet




22
h30 dans les Carrières

BERNARD LUBAT “Free d’Oc Taxe Taxi” France / Languedoc-Roussillon
Bernard-lubat

Sur-décoré du conservatoire de Paris, il fait l'école buissonnière, avec les meilleurs, batteur de Stan Getz et d'Eddy Louiss, chanteur de "Double six" dans les années 60, double de Portal ou de Nougaro, ou l'improvisation vécu comme une esthétique de l'amitié. La musique arrive : « C’est celle-là qui m’invente un musicien ». Il n’a aucun mérite à ne pas commencer : « Ce n’est qu’un combat, continuons le début ».
Bernard Lubat nous propose ici un projet qui à l’image du Jazz de la Nouvelle-Orléans emprunt d’une forte identité régionale, mettra en avant les spécificités du Jazz que l’on retrouve dans la musique de notre région du Languedoc-Roussillon. En associant ce New Orleans à son New Occitan, Bernard Lubat met en avant le langage autant régional (le cajun et le gascon/occitan) que musical. Il sera accompagné pour cette occasion par deux artistes régionaux et amis du Festival Denis Fournier et Gérard Pansanel.

Avec :
Bernard LUBAT : Clavier - chant
Gérard PANSANEL : Guitare
Jules ROUSSEAU : Saxophone
Raphaël QUENEHEN : Saxophone
Louis LUBAT : Batterie
Fabrice VIEIRA : Guitare - Chant
Thomas BOUDE : Guitare
Denis FOURNIER : Batterie
Pierre LAMBLA : Saxophone

Site internet : http://www.cie-lubat.org/


Free Taxe Taxi
freetaxetaxi.jpg

Comme une course folle jusqu’au bout de la nuit... trajet à l’infini d’énergie
la liberté n’a pas de prix
sans froid ni loi...le transport est gratuit.
Etat d’urgence en réflexe convexe
la pointe avancée d’une avant-garde champêtre jazzcognitive.
Avec ou sans tempo   avec ou sans harmo   avec ou sans solo
avec ou sans chrono   avec ou sans scénario
avec ou sans mélimélo   avec ou sanglot
avec ou sans mot   avec ou sans statu quo
pour un art consommé de la composition multi’médiate.

Au delà du réel... oreille dissolue... à l’improvision nue 

Une esthétique d’avant les formes

Jazzman, mai 2009 
 


dimanche 15 juillet 2012

Le Festival Jazz à Junas au Cinéma

Le Festival Jazz à Junas avec Le Languedoc-Roussillon rencontre la Nouvelle-Orléans c'est de la musique , les expositions photographiques mais, mais aussi des films dans le cinéma le Venise à Sommières.
Vous pouvez 'déguster' des films  autour de la Nouvelle-Orléans pendant tous les après-midis à 16.00 et après : les concerts au Temple  et plus tard dans les Carrières


Mercredi 18 Juillet

16h00 au Cinéma le Venise à Sommières
BALADE EN SAX MAJEUR, documentaire de Régis Michel (43 min)

Raphaël Imbert
Projection en avant-première, en présence de Régis Michel et de Raphaël Imbert.

Régis Michel accompagne le saxophoniste Raphaël Imbert dans un périple à traversles Etats-Unis. Ils se rendent à Ashville dans les Appalaches où le saxophoniste joue avec des musiciens héritiers de la tradition blue grass et country. Ils vont ensuite à laNouvelle-Orléans où se produisent d'autres rencontres musicales illustrant bien cet art de l'improvisation qu'est selon Raphaël Imbert, la musique de jazz.






Jeudi 19 Juillet

16h00 au Cinéma le Venise à Sommières
NEW ORLEANS MUSIC RENAISSANCE, documentaire de Virgil Bellock (2007, 82 min)
 virgile bellock
En présence d'Anne Legrand, historienne du jazz, auteure de Charles Delaunay et le jazz en France dans les années 30 et 40 (Editions du Layeur, 2009) et assistante de réalisation du documentaire.
Qu'en est-il de la musique à la Nouvelle-Orléans en 2007, deux ans après le passage de l'ouraganKatrina ? De retour chez eux, des artistes tels que la chanteuse Marva Wright, le batteur Herlin Riley ou les trompettistes Irvin Mayfield et Kermit Ruffins mais aussi la nouvelle génération représentée par des élèves de la NOCCA (New Orleans Center for Creative Arts), comme le batteurJoe Dyson ou le bassiste Max Moran, répondent à cette interrogation. Ils nous entraînent dans leur univers musical et nous font partager leur combat quotidien pour la sauvegarde de leur patrimoine musicale : le jazz et le blues.





Vendredi 20 Juillet


16h00 au Cinéma le Venise à Sommières
Marc Oriol et Florent Mazzoleni
N.O. BALLADE, documentaire de Marc Oriol et Florent Mazzoleni (2007, 55 min)
Produit en partenariat avec Mezzo et avec l'aide de la Région Midi Pyrénées et duCentre National de la Cinématographie.

En présence de Florent Mazzoleni, co-réalisateur.

Comprendre l'histoire, le présent et l'avenir de la ville, ses racines françaises, espagnoles et créoles, c'est avant tout saisir une polyrythmie d'émotions et de sensations, à l'image des "Indiens du mardi-gras", tradition afro-américaine puissante et unique à ce lieu. Le film saisit cet héritage grâce aux témoignages de musiciens. Il montre aussi le trouble d'une ville en souffrance à l'issue du désastre culturel engendré par l'ouragan Katrina.



Samedi 21 Juillet

16h00 au Cinéma le Venise à Sommières
NEW ORLEANS, fiction musicale d'Arthur Lubin (1947, 90min)
Arthur-lubin
Avec Arturo de CordovaDorothy PatrickLouis Armstrong, Billie Holiday et l'orchestre deWoody Herman.
Couvrant quatre décennies, l'histoire est une reconstitution imaginaire de la «naissance» de la musique de jazz américaine. Dans cette histoire d'amour et de la musique, Nick Duquesne (De Cordoba) est propriétaire d'une maison de jeu à la Nouvelle-Orléans, dans Basin Street. Obligé de quitter la ville il déménage à Chicago, où il découvre que ses clients sont séduits par la musique de Jazz. Il engage un chef d'orchestre, Louis Armstrong, pour les divertir. Une romance entre en scène sous les traits deMiralee Smith (Patrick), une étudiante rigoureuse en musique classique qui s’efforce de rejeter ses inhibitions pour le jazz… Mais Miralee a une bonne (Holiday) qui chante en travaillant et qui est aussi la petite amie de Louis Armstrong. Celui-ci va pousser sa compagne et sa patronne à passer la nuit avec eux et à en apprendre davantage sur ce monde interdit.